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Magie du Chaos

Les huit couleurs de la magie [3] La Magie Rouge

Par Peter J. Carroll

La Magie Rouge

Sitôt après avoir organisé et développé la technologie des armes pour vaincre ses principaux prédateurs naturels et ses concurrents, l’humanité semble s’être empressée de s’appliquer à elle-même un mécanisme de sélection féroce sous forme de guerres intestines.

De nombreuses qualités que nous considérons comme des signes de notre succès évolutif, tels que nos pouces opposables, notre capacité à manipuler des outils, à communiquer par le son, la station debout, ainsi que notre capacité à donner et à recevoir des ordres et à respecter une discipline, ont été très probablement sélectionnés au cours des millénaires de conflits armés organisés entre bandes humaines.

Notre morale reflète notre histoire sanglante et s’il est tabou d’attaquer les membres de sa propre tribu, attaquer les étrangers reste un devoir. Le seul débat consiste à déterminer qui appartient à sa propre tribu.

Lorsque l’enthousiasme pour la guerre retombe, nous inventons des sports et des jeux pour exprimer notre agressivité. De l’éthique et de la terminologie en vigueur dans ce domaine, il ressort clairement que le sport est simplement une guerre à laquelle ont été ajoutées des règles.

Cependant, il ne faudrait pas croire que la guerre est exempte de règles. Les guerres sont menées afin d’améliorer sa position dans les négociations ; en temps de guerre, le groupe ennemi constitue une ressource sur laquelle on veut acquérir un certain contrôle. Les guerres sont conduites pour intimider ses adversaires et non pour les exterminer. Le génocide n’est pas la guerre.

La stratégie guerrière reflète le programme « combattre ou fuir » intégré à notre système nerveux sympathique. Le but est d’intimider l’ennemi afin de le faire basculer du mode « combat » au mode « fuite ». Ainsi, lorsque les forces des deux adversaires sont équivalentes, le moral sera le facteur décisif durant la bataille. Il est, en fait, le facteur décisif dans pratiquement toutes les formes de compétitions, sportives, sociales ou militaires.

La magie rouge a deux versants : d’une part l’invocation de la vitalité, de l’agressivité, du moral nécessaire pour mener un combat, que ce soit dans la vie quotidienne ou dans un conflit armé ; et d’autre part la mise en œuvre de la magie comme arme. Il existe une grande variété de divinités par lesquelles le Soi-guerrier peut s’exprimer, bien que des formes hybrides ou purement idiosyncrasiques fonctionnent tout aussi bien. Ares, Ishtar, Ogoun, Thor, Mars, Mithra et Horus sont tout particulièrement sollicités dans ce contexte. Le symbolisme moderne ne doit pas être négligé : les armes à feu et les explosifs sont aussi utiles pour la gnose rouge que les épées et les lances. Les tambours et les percussions sont quasiment indispensables.

Peuvent être utilisés des sceaux/sigils tracés avec des liquides inflammables, ou bien des cercles de feu dans lesquels se tiendront les invocations.

Le combat magique sera généralement pratiqué ouvertement, l’ennemi étant menacé et maudit publiquement, ou bien étant le destinataire d’un talisman désagréable, d’un sort écrit ou d’une rune de malédiction. L’objectif est d’intimider et de contrôler l’adversaire qui doit donc être rendu aussi paranoïaque que possible et informé de l’origine de l’attaque. Sans ce paramètre, cette Magie sera du même type que celle utilisée dans les Rites Entropiques, avec des sceaux et des serviteurs apportant des informations autodestructrices à la cible, mais sans intention létale.

 Cependant, la véritable maîtrise de la Magie Rouge consiste à rayonner de façon tellement écrasante de vitalité personnelle, d’optimisme et d’agressivité que le combat magique n’est jamais nécessaire.

La Magie Rouge, « Rituals and Spell Objectives and Design in Eight Magics », Peter J. Carroll. Traduction française par Melmothia, 2014.

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